Oublier
 


Du mardi 26 mars au dimanche 21 avril 2024

 « Oublier » de Marie Laberge

 

Quatre sœurs reviennent dans la maison maternelle par un soir de tempête de neige.

Elles ne se sont pas vues depuis des années. Leur mère est arrivée au stade critique de la maladie d'Alzheimer.

Les vieux griefs ressurgissent et la mémoire n'est pas toujours douce.

Une pièce bouleversante !


Avec : Stéphanie Moriau, Bernadette Mouzon, Loriane Klupsch, Amélie Saye et Simon Willame.

Mise en scène : Michel de Warzée

Décor : Serge Daems

Création lumières : Bruno Smit

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Exposition dans le "Foyer" de Luc Peiffer (https://www.lucpeiffer.com/)

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https://youtu.be/Nq_lLHQCWGc  ttps://youtu.be/MHX_F1DkJAU

https://youtu.be/MHX_F1DkJAU  https://youtu.be/RhLtroXGZxY

https://youtu.be/hbr-8ZphiFo


https://www.woluwe1150.be/event/biblio-the-r-happy-et-spectacle-oublier-de-la-comedie-claude-volter/



Presse :

L'Ivresse des livres :

« Oublier » : une pièce de Marie Laberge à voir à la Comédie royale Claude Volter dans une mise en scène de Michel de Warzée et une adaptation de Jacques De Decker. Edmond Morrel–Non classé–27 mars 2024 Il y a ainsi des moments de grâce, comme celui où le public est littéralement happé, hypnotisé par l’excellence en tous points d’une pièce de théâtre.

S’il fallait s’en convaincre encore, « Oublier« de l’autrice québécoise Marie Laberge, dans une mise en scène de Michel de Warzée nous donne – du 26 mars au 21 avril – la fulgurante démonstration de cette inéluctable nécessité du théâtre. Celui-ci nous émeut d’une manière singulière et avec une intensité que seul le « spectacle vivant » peut atteindre quoiqu’en pensent les « comités » au sein des ministères de la culture qui évaluent l’opportunité de prolonger ou non les budgets sur base de programmes quinquennaux. A la fin de la première, hier soir, Michel de Warzée n’a pas manqué de partager avec le public – sidéré- les embûches budgétaires auxquelles est confronté son théâtre. Mais revenons à la pièce Oublier et à son autrice.

Jacques De Decker avait souvent mis en évidence l’importance de l’œuvre de la romancière Marie Laberge à laquelle il vouait une grande admiration comme en témoigne cette » Marge et contre-Marge » qu’il nous confiait naguère et que l’on peut toujours entendre sur le site Espace-livres. Il concluait sa chronique consacrée au roman Revenir de loin) en donnant de Marie Laberge cette analyse qui pourrait s’appliquer telle quelle à la pièce «Oublier»: « Un grand écrivain de ce temps, rare, unique en son genre, qui se fait, même en Europe, le plus authentique des publics, celui de toutes celles et ceux qui attendent de la lecture un peu de clarté sur l’énigme d’exister. » C’est d’ailleurs dans une version « aménagée en français européen avec la collaboration de Jacques De Decker », que la pièce québécoise nous est présentée à Bruxelles.

Dans une scénographie particulièrement efficace (signée Serge Daems avec à la régie et aux lumières Bruno Smit) ), quatre femmes, réunies par une nuit d’hiver dans une tempête de neige au domicile de leur mère, se retrouvent confrontées à la maladie d’Alzheimer de cette dernière. Jacqueline, l’aînée, a mis sur pied cette réunion de famille dont, au fil des trois actes, le public découvre les secrets, les affrontements anciens, les malentendus irrévocables. Les trois autres sœurs Joanne, Judith et la cadette Micheline participent à contrecœur à cette soirée à laquelle se joint Roger (Simon Willame), incarnant l’effarement du témoin involontaire. Chacune des comédiennes est littéralement portée par la puissance et la justesse de leurs rôles respectifs et, en particulier dans chacun des monologues que la dramaturge leur attribue. Rarement le terme « comédie dramatique » aura mieux désigné une œuvre comme ici. L’affrontement des rancœurs ne cesse, comme par vagues au pied des falaises, d’assaillir le passé et d’en détacher petit à petit des fragments. La solitude alcoolique de Joanne (on n’oubliera pas de sitôt l’interprétation drôle et tragique à la fois, de Stéphanie Moriau) , l’exigence extrême de vivre libre de Judith (Amélie Saye entrelace à la perfection le jeu de l’intransigeance et du déchirement affectif), la rigueur envers et contre tout dans le devoir filial de Jacqueline (Bernadette Mouzon donne à ce personnage ingrat toute la complexité douloureuse qui évite d’en faire une caricature), l’amnésie de la sœur cadette Micheline (toute la virtuosité de Loriane Klupsch donne à ce personnage énigmatique les nuances les plus subtiles pour exprimer la (vraie-fausse) maladie mentale), tous ces traits de caractère se sont forgés au fil des années.

Ce soir, dans l’hiver et l’isolement de cette grande maison dont les fenêtres sont battues par les bourrasques de neige, la lumière se fera sur le passé. Chacun mettra en évidence l’une ou l’autre des thématiques qui viennent hanter les échanges entre les quatre femmes: la solitude, la vieillesse, l’absence d’amour, la place de la vérité dans une relation, la tentation du suicide, l’euthanasie. Le texte, le jeu des comédiennes, le décor sont servis par la mise en scène de Michel de Warzée dont on devine la jubilation à orchestrer les mouvements d’âme dont ce huis-clos devient le puissant détonateur. Michel de Warzée réussit à mettre en évidence, sans jamais forcer le trait, chaque nuance du texte, chaque mouvement de caractère, chaque émotion de ses personnages dont le public, hypnotisé, suit les déchirements si humains jusqu’au dénouement. Ne manquez pas cette pièce. Elle vous dira combien le théâtre – comme le roman- permet de jeter un peu de « clarté sur l’énigme d’exister » comme l’écrivait si justement Jacques De Decker.

Jean Jauniaux, le 27 mars 2024. 


Branché Culture :

« Oublier » à La Comédie Claude Volter, un très beau moment de théâtre, parfois éprouvant, qui explose littéralement à la face des spectateurs.

C’est mardi dernier qu’avait lieu à La Comédie Royale Claude Volter, la première de la pièce « Oublier » de Marie Laberge dans une mise en scène de Michel de Warzée

Quatre sœurs reviennent dans la maison maternelle par un soir de tempête de neige. Elles ne se sont pas vues depuis des années. Leur mère est arrivée au stade critique de la maladie d’Alzheimer. Les vieux griefs ressurgissent et la mémoire n’est pas toujours douce. (source Comédie Royale Claude Volter) Oublier est une pièce âpre, dérangeante, bouleversante, pas du tout le genre de pièce que l’on vient voir pour sourire ou se changer les idées, ici le plaisir est ailleurs.

Dans un beau décor signé Serge Daems, on est plongé dans un drame familial poignant, parfois irrévérencieux, qui met le spectateur devant des faits de vie qui le bousculent et le font réfléchir. Le thème qui est celui de la fin de vie n’est en soi pas vraiment le corps de la pièce qui nous décrit plutôt les difficultés qu’ont certains êtres à être vivants, et heureux. On est face à un théâtre intelligent et dénonciateur, basé sur un sujet très lourd certes, mais qui nous remue l’âme. Marie Laberge a produit une pièce bien construite dont les personnages sont parfois un peu caricaturaux, mais cette adaptation de Jacques De Decker dans un français européen (la pièce est québécoise à l’origine) est efficace et bien écrite, même si assez académique.

« La seule gloire est de survivre en essayant de rester humain… » Ce genre de pièce au sujet lourd se doit d’être portée par des comédiens brillants, et ici c’est tout à fait le cas avec une distribution en tout point remarquable. Les quatre soeurs sont jouées par Stéphanie Moriau (Joanne), Bernadette Mouzon (Jacqueline), Loriane Klupsch (Micheline), et Amélie Saye (Judith), toutes excellentes dans le naturel et l’intensité qui animent leurs personnages respectifs. En assistant en spectateur à cette réunion de famille, jamais nous n’avons l’impression que les comédiennes jouent un rôle, on se croit dans la vraie vie, et en ça l’impact que la pièce a sur nous s’en trouve décuplé. Simon Willame, moins présent à la scène et dont le personnage de Roger tend plutôt à détendre l’atmosphère parfois pesante de la situation s’en sort bien lui aussi.

Au cours de la pièce dont la première partie avant l’entracte aurait à mon sens pu éviter quelques longueurs, chaque comédienne a son moment de gloire théâtral avec des partitions et des monologues intenses qui leur permettent d’exprimer tout leur talent. La palme revient néanmoins à Stéphanie Moriau qui nous émeut dans un monologue final extraordinaire et poignant, dont au tombé du rideau très proche elle ne sort pas indemne tant son implication dans l’interprétation est forte et éprouvante. Un très beau moment. Même si son sujet pourrait rebuter certains à la lecture du synopsis, laissez tomber vos à priori et allez voir « Oublier » à La Comédie Claude Volter, c’est un très beau moment de théâtre dont la deuxième partie explose littéralement à la face du spectateur par son intensité. Et ne vous y trompez pas, « Oublier » n’est pas une pièce sur la maladie d’Alzheimer, c’est une pièce sur les souvenirs et les blessures. Une pièce humaine par excellence.

Jean-Pierre Vanderlinden

Jean Bernard – La Libre Belgique

Les déchirures autour de la fin de vie

Alzheimer au cœur d'''Oublier'', la pièce de la Canadienne Marie Laberge mise en scène par Michel de Warzée avec quatre formidables comédiennes.

Oublier, c'est d'abord une rencontre voici 37 ans; celle de Michel de Warzée, actuel directeur de la Comédie royale Claude Volter et alors sociétaire du National, avec la dramaturge québécoise Marie Laberge, autrice de cette pièce puissante sur la maladie d'Alzheimer et les rapports mère-filles. Au moment d'élaborer la présente saison, le comédien se muera en metteur en scène pour confronter les points de vue des quatre sœurs sur le sort à réserver à cette mère qui n'est plus qu'un souvenir pas trop agréable pour certaines. A la veille de Noël, dans le blizzard canadien, dans la maison familiale qui a vu tant de joie et surtout de larmes, Jacqueline, la sœur aînée, a convoqué un conseil de famille. Johanne et Judith font le voyage et les retrouvailles avec la sœur aînée sont plutôt froides. Depuis que la cadette, Micheline, est devenue amnésique, c'est Jacqueline qui doit s'occuper des deux malades dans cette maison, en plus de son propre foyer. Elle ne s'en sort plus.Juliette, la maman, atteinte d'Alzheimer à un stade avancé, ne sort plus des toilettes où se déroule désormais sa vie, rythmée par la chasse qu'elle tire régulièrement, au point que le bruit rend folle Jacqueline. Hors de question, pour celle-ci, de placer la maman, alors que les deux sœurs valides, qui ont quitté le nid depuis bien longtemps, ne seraient pas contre, soit le placement en institution, soit l'aide à mourir dans la dignité. Quant à la petite sœur...

Dans cette ambiance lourde, Judith, un peu plus volage, sort prendre l'air et en ramène une conquête, sorte de faire-valoir masculin campé par Simon Willame, qui, par ses reparties, détendra l'atmosphère lourde qui pèse sur les lieux et le moment.

Puissance et justesse

Le texte est puissant, les comédiennes magnifiques de justesse; chacune dans leur rôle: Bernadette Mouzon en sœur aînée dévouée et débordée mais obtuse lorsqu'il est question de placer la maman qu'elle n'aime pas forcément, mais, pour elle, il est de son devoir d'aînée de veiller sur elle. Johanne - Stéphanie Moriau - médecin, est plus radicale. Pour sa part, ce n'est pas pour rien que Judith - Amélie Saye - en grande bourgeoise désormais new­ yorkaise, a quitté ce lieu perdu du Canada voici près de 15 ans. Enfin, dans sa façon de représenter Micheline, on trouve à Loriane Klupsch des airs d'Astrid, l'enquêtrice autiste de la série télévisée Astrid et Raphaëlle.

Un habile jeu de mur translucide permet d'ailleurs de quitter le salon, pour assister à quelques scènes dans la chambre de cette cadette sur qui les aînées s'étaient reposées pour s'occuper de la mère au début de son Alzheimer. La scénographie astucieuse de Serge Daems rend particulièrement présent aussi le froid qui doit régner, aussi bien hors de la maison que dans l'atmosphère entre les sœurs vis-à-vis de cette mère. Ce texte fort, resté ô combien actuel, de Marie Laberge avait été adapté en français ''de chez nous'' par Jacques De Decker, avec des répliques où affleurent les non-dits, le refoulé, la honte et les névroses.

Vidéo :

https://youtu.be/MHX_F1DkJAU

https://youtu.be/YefpSu6pw3A

https://youtu.be/RhLtroXGZxY

https://youtu.be/hbr-8ZphiFo

https://youtu.be/Nq_lLHQCWGc